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28 novembre 2007

Pour amuser votre âme d'enfant :-)

Coucou c'est Mary!

Ce soir, je vais réveiller votre âme d'enfant... (pas très assoupie chez moi il est vrai), puisque je vais vous parler d'une pièce qu'il faut aller voir, qui vaut le détour, et qui est un... conte fantastique.
Ben oui, un conte. Mais pas un spectacle pour enfants pour autant.

Non, il s'agit de la pièce qui célèbre les 10 ans de partenariat entre le théâtre de l'Eveil et le Public, et les 25 ans du théâtre de l'Eveil.
La pièce, c'est L'oiseau vert. De Carlo Gozzi. A voir au théâtre Le Public jusqu'au 31/12 (ça vous laisse encore un mois, pas d'excuse!)

J'ai vu cette pièce samedi dernier, et je me suis régalée.
Comme je vous le disais, c'est un conte, mais on est aussi dans le théâtre italien et la Commedia dell'Arte. C'est donc aussi une farce, dynamique, bondissante, un brin cynique, et qui sous des dehors bon enfant, ne fait pas dans la dentelle.
Puisqu'il s'agit d'un conte, on nage dans le fantastique, voire même, avouons-le, dans l'invraissemblable! Pourtant on n'est pas vraiment dans les codes du genre, et surtout, loin d'un morceau sucré dégoulinant de guimauve et de bons sentiments. Le texte contient son lot de vérités, et, chose étrange, les supposés héros ne sont pas forcément très sympathiques et n'ont pas que des qualités...

oiseau5

Je vais essayer de vous situer l'histoire...
Hmmm... par où commencer? Ah oui... Il y a 18 ans, le roi Tartaglia partit à la guerre. Il laissa sa jeune épouse Ninette, enceinte, avec la reine mère Tartaglione (forcément animée des meilleures intentions envers sa bru!). Laquelle reine, décidée à perdre sa belle-fille, fit enlever les jumeaux dont Ninette accoucha, demanda au serviteur Pantalone de les tuer, et remplaça les nouveaux-nés par des... caniches (oui c'est un peu tordu). Du coup, Ninette fut accusée d'infidélité et enterrée vivante sous l'évier.
Cependant, le brave Pantalone, n'écoutant que son bon coeur, ne sacrifia pas les jumeaux, mais les emmaillotta et les déposa sur le fleuve (oui, à moi aussi, ça me rappelle une autre histoire).

Lorsque la pièce commence, 18 ans ont donc passé. L'oracle royal annonce d'étranges prophéties. Le roi Tartaglia revient de la guerre, et reste un veuf inconsolable...
Et là, bien sûr, classique... Les jumeaux ne sont pas morts. Ils ont été recueillis par un tripier, Truffaldin, ancien cuisinier du roi, et sa femme Smeraldine. Seulement voilà, l'argent vient à manquer, et le père adoptif annonce la vérité aux jumeaux, Renzo et Barbarine. (vous me suivez toujours?).
Mais ces enfants sont bien ingrats. Férus de philosophie (ce sont un peu les Bouvart et Pécuchet d'une autre pièce portée par la troupe de l'Eveil...), ils décident de quitter leurs parents adoptifs en leur expliquant que de toute façon, ils ne les ont adoptés que par égoïsme...

A partir de ce moment, diverses intrigues se nouent. Il ne faut pas oublier qu'on nage en pleine fantaisie... Donc les rencontres avec une statue qui parle, les palais qui sortent de terre en une nuit, la richesse née d'un caillou qui comble les jumeaux (et excite leur vanité et une soif inextinguible de richesses diverses), cela ne doit pas surprendre ni demander d'explications! Ces enfants rencontreront le roi, en conflit désormais avec la reine mère, qui, avertie par l'oracle de se méfier de la belle Barbarine, tentera de la perdre... Mais ils seront aidés par leurs braves parents adoptifs, revenus aux nouvelles après leur richesse soudaine! Et bien sûr, il y a cet étrange oiseau vert, qui parle en vers, oiseau amoureux de Barbarine, oiseau aussi qui a permis à Ninette de rester en vie dans sa tombe, en la nourrissant quotidiennement... Au détour des aventures de cette étrange compagnie, on croise aussi la pomme qui chante, l'eau qui danse, un ogre, un diable à soufflet, j'en passe et des plus farfelus!

Mais rassurez-vous, tout sera bien qui finira bien! Et dans un joli tableau final, vous apprendrez la moralité de cette fable : Soyez grandioses, oui, mais avec simplicité! (quelle jolie maxime, pas vrai?!)

oiseau2

Même si tout cela peut sembler, quand on le raconte, assez décousu, la sauce prend vraiment bien et l'on suit avec curiosité, le regard brillant, les péripéties de cette aventure. Le texte est précis, surtout dans les passages versifiés, mais jamais lourd. Et les traducteurs se sont permis quelques... libertés avec le texte. Car je doute que le texte original parle des déesses de la rue d'Aerschot, du fait que si ça continue, Truffaldin se propose de devenir formateur, ou encore, que la reine-mère menace son fils de réunir le gouvernement pour demander la scission, tandis que le roi rétorque 'si vous pensez que c'est facile de régner sans gouvernement?'... Toutes allusions à une actualité plus proche de nous seraient évidemment fortuites.

Bref, et en quelques mots, cette pièce est une réussite. Grâce à une mise en scène pétillante et enjouée de Carlo Boso, assisté de Elise Vandergoten, ainsi que la belle scénographie de Claude Renard. Esthétiquement, la pièce est sublime, les tableaux sont parfaits, millimétrés, car il y a du monde sur scène, et si vous 'figez' mentalement l'image (un conseil d'un ancien prof de français pour apprécier ce genre de pièce), chacun est à sa place, l'espace est merveilleusement occupé, c'est joli, c'est harmonieux... Un travail d'orfèvre! De plus la mise en scène regorge de petites trouvailles qui génèrent des scènes d'anthologie... entre le texte et le geste, tout se mélange et contribue à l'action sans temps mort de ce conte étrange!

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Mention très spéciale aussi au décor! On le doit à Claude Renard, et Claude Duquenne et l'équipe de la Fabrique de Théâtre (La Bouverie) pour la construction. C'est un décor ingénieux, inventif, multi usages, multi vues, avec des élements qui se déboîtent, s'imbriquent, se déplient... Comme par magie, de nouveaux univers apparaissent en quelques secondes sous nos yeux ébahis. En plus, le fait d'avoir un aspect photo sur les images de fond, ajoute à la magie, et bizarrement, apportent à l'histoire... Je veux dire, apportent un décalage par rapport à l'aspect conte, qu'on n'aurait pas eu avec un décor dessiné genre livre de conte de fées. Splendide! Ajoutez au cocktail quelques effets de son et lumières... Etonnant et détonnant!

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Enfin, bien sûr, il y a les comédiens! Une distribution à la hauteur. Certains ont l'habitude de l'aspect Commedia dell'Arte, des masques ou des maquillages grotesques, comme Guy Pion (en Arlequin) et Béatrix Ferauge, qui forment le couple de tripiers. Ces deux-là sont au mieux de leur forme, débordant d'enthousiasme et de naturel, avec le caractère de forte femme un peu mégère pour Sméraldine, et cette touche de couardise lorsque le personnage de Truffaldin suit, un peu malgré lui, Renzo dans des territoires inconnus... note comique dans une situation 'tendue', grands moments (ah, les pommes qui chantent... hi-la-rant!). Citons aussi Bernard Cogniaux, l'énigmatique oiseau vert, qui est aussi l'oracle de la reine, et Thierry Janssen, qui joue Calmon, une statue parlante aux allures de totem indien!

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Enfin, chapeau bas aussi au roi Tartaglia et à la reine mère Tartaglione, respectivement Olivier Massart et Marie-Paule Kumps, qui sont affublés d'un bégaiement à effet comique certain (-po - po- ! - Poète? - Non, pauvre type, mais c'était pas loin!), et qui surtout campent ces personnages, au demeurant essentiellement burlesques, avec une verve jubilatoire, et des mimiques très drôles (ah, cette scène lorsque le roi répète 'mais, je vais pleurer?... Je pleure? C'est pa- pa-... pathétique!' avec force grimaces!) 

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Alors, un conseil, lâchez du lest et laissez cet oiseau vert vous emmener vers les contrées de votre enfance, dans un pays où tout ne nécessite pas une explication rationnelle, et profitez d'un beau moment de théâtre!
C'est au Public jusqu'au 31/12 : http://www.theatrelepublic.be/pieces_details.php?play_id=180&mode=

Belle nuit à vous

Mary

PS: les photos viennent du site du théâtre de l'Eveil http://www.theatredeleveil.org/spectacle/oiseau.htm

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Derrière les rideaux, la scène (ou l'écran)
  • Vision subjective mais passionnée de ce qui se joue dans le plat pays qui est le nôtre. Critiques, coups de coeur (souvent) et de gueule (rarement) de Mary (grande "hanteuse" de salles de théâtre) et Peter (assidu des salles obscures) Commentaires welcom
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