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22 juillet 2007

Dans les ruines d'une ancienne abbaye...

Bonsoir, c'est Mary!

Eh oui, je sais, j'ai vraiment du mal à suivre sur ce blog théâtre! Mais le problème, c'est que si je vais voir une pièce qui ne se joue plus que pour quelques jours, c'est trop court pour en parler... Ce fut le cas en juin avec une version originale et imaginative de 'La Princesse Maleine", de Maeterlinck, vue au Public...

En tout cas, cette fois, puisqu'il n'a pas plu vendredi dernier (et c'était pas gagné, j'ai craint le pire toute la journée, avec le temps pluvieux et le ciel bouché sur Bruxelles), et que la pièce se joue jusqu'au 11 août... Je peux vous parler un peu de ce que Del Diffusion propose comme spectacle cet été dans les ruines de l'abbaye de Villers-la-Ville : Dracula!
Adaptation théâtrale (signée Denis Leddet et Christian Lutz) du roman de Bram Stoker.

affiche_Dracula

J'ai déjà dû vous en parler, j'ai un petit faible pour les vampires :-) (enfin, surtout quand ils ont une âme, vivent à L.A. et ont les traits de David Boreanaz...).
Non, plus sérieusement, j'étais très curieuse de frémir à ce spectacle dans un cadre comme Villers...
Bon, sur ce point, une petite déception quand même... Les frissons venaient plutôt du vent et de l'humidité, et de la météo ô combien estivale, qui rendaient les ruines un peu frisquettes après 22h... Quant au spectacle, très réussi cependant, il reste totalement 'tout public', donc sans la dimension lugubre et un peu glauque qui me restait comme souvenir du film de Coppola, vu il y a quelques années il est vrai. Je dirais également que, d'après mes souvenirs, certains passages sont moins développés dans la pièce, notamment lorsque Dracula hante les nuits de Mina, et il me semblait que certains personnages étaient plus ambigus... Enfin, les aspects 'tourments psychologiques, rêves et visions', c'est forcément plus difficile à mettre en scène au théâtre qu'au cinéma!
Donc, les amateurs de fantastique un peu effrayant ou à la recherche de sensations fortes risquent d'être déçus, ce Dracula est très 'sage', assez peu ambigu, sans débauche d'hémoglobine, et donc, vraiment, visible par tous, sans risques de cauchemarder ensuite.

Ceci dit, l'adaptation est très réussie et profite à merveille des lieux, le décor naturel est merveilleusement exploité, mis en valeur et surtout, en lumières (de très jolis éclairages signés Christian Stenuit, en particulier dans la chapelle, lorsque Jonathan Harker découvre la vraie nature de Dracula!).
On parcourt en effet les ruines pour profiter de 3 décors différents. D'abord, l'histoire commence entre l'Angleterre, où la jeune Mina rédige son journal en attendant le retour de son fiancé Jonathan, clerc de notaire, envoyé par son employeur au fin fond de la Transsylvanie, chez le Comte Dracula; et le château de ce dernier, où Jonathan Harker est bien dérouté par cet hôte étrange, ces portes fermées, ces cauchemars qui le hantent. On suit donc en parallèle les deux actions, sur deux 'scènes' côte à côte, tantôt Mina et son amie Lucy, qui va bientôt se marier, partagent leurs confidences, tantôt Jonathan raconte son périple à Dracula, et lui parle de la propriété qu'il a achetée pour lui, en Angleterre.

Pourtant, lorsque 3 furies surgissent pour tenter de l'attaquer, lorsque surtout le comportement de Dracula, apparaissant, disparaissant sans cesse, intrigue trop Jonathan, lorsqu'il s'aperçoit que le Comte n'a pas de reflet, le jeune décide de le suivre jusqu'à la chapelle, entraînant... les spectateurs à sa suite!
Pour une scène 'éclair' dans le c(h)oeur des ruines, où il découvre la vraie nature du vampire!

Après l'entracte, c'est dans un troisième décor que le public prend place, une grande scène où la brume le dispute aux arbres et aux... tombes, pour le retour de Dracula en Angleterre, et l'apparition du spécialiste ès vampires, le Professeur Van Helsing, appelé à la rescousse par l'un des ex-prétendants de Lucy, suite au comportement étrange de cette dernière. La chasse au vampire est lancée, avant qu'il ne fasse trop de victimes, car c'est sur Mina qu'il a jeté son dévolu...

La scénographie de Patrick de Longrée est sans fausse note, le décor regorge de trappes et autres escaliers cachés ou escamotables, permettant à Dracula de surgir ou se cacher. Quelques jolis effets 'spéciaux', soignés, plongent malgré tout le spectateur dans une ambiance fantastique, un peu magique... Enfin, on peut vraiment parler de décor sonore, réalisé par Laurent Beumier. Musiques lugubres, hurlements de loups, vent qui souffle... Un réel apport au spectacle, la petite touche qui fera un peu frissonner les personnes les plus sensibles.
La mise en scène de Bruno Bulté se joue à merveille de la taille importante du décor et des difficultés à faire vivre une telle oeuvre sur une scène de théâtre. Il y a du rythme, même dans les moments de récits plus linéaires, quand Mina lit son journal intime, par exemple, et une certaine poésie... Et bien sûr, une dose d'humour, le spectacle joue sur la limite entre le comique et le fantastique (sans toujours y réussir complètement, car l'humour l'emporte dans certains moments qui auraient sans doute gagné en profondeur s'ils avaient penché plus vers le sombre...)

Enfin, si ce spectacle est une réussite, c'est aussi grâce à une belle distribution, de comédiens parfaitement à la hauteur...
A tout saigneur (hou le bête jeu de mot), tout honneur, Claudio Dos Santos est un Dracula ambigu (mais pas très pâlot... Moi j'ai toujours cru que les vampires, c'était blanc - puisque mort...), élégant, séducteur, mystérieux, glacial, autoritaire... Sa voix porte dans les ruines, semblant venir d'outre tombe...
En face, Nicolas Buysse est un Jonathan Harker plein de candeur, tremblant face à son étrange hôte durant toute la première partie. Tania Garbarski est une douce Mina, mais le personnage manque un peu de relief et l'on comprend mal son comportement dans la 2ème partie (mais ce n'est pas la faute de la comédienne, la pièce pouvait pas durer 3h non plus...)
Comme toujours, Pascal Racan est impeccable de sérieux et d'érudition dans le rôle du professeur Van Helsing, sorte de précuseur de Buffy, la tueuse de vampires, mais en moins agressif :-)... Il expose sans tomber dans la caricature, sa science des vampires, comme les tuer,... avec une sincérité assez incroyable, pour peu, on lui demanderait quelques gousses d'ail, au cas où... Sa jolie voix porte toujours aussi bien dans ce décor, où l'acoustique n'est pas toujours idéale!
Enfin, soulignons la prestation de Anouchka Vingtier dans le rôle de la naïve, enthousiaste et amoureuse Lucy, et une mention spéciale à Yves Degen (qui risque de finir les représentations malade si le temps reste aussi froid, vous comprendrez en voyant où il se trouve pendant la 2ème partie), qui campe un Renfield, malheureux fou damné en le pouvoir de Dracula, d'une manière savoureuse et jubilatoire!! D'ailleurs, lorsqu'il appelle son 'Maître' Dracula, il n'est pas sans rappeler un certain Gollum (ou Sméagol, comme vous préférez... celui du Seigneur des Anneaux, pour ceux qui ne seraient pas fans de cette trilogie).

Voilà, vous l'aurez compris, ce Dracula vaut son pesant d'eau bénite, même s'il ne vous fera pas trembler d'effroi, il vous fera passer un bon moment!
Infos et réservations:
http://www.deldiffusion.be/prochaines_productions/prochaines_productions.asp

Faites de beaux rêves et soyez prudents à minuit, quand la lune est pleine ;-)

Mary

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Derrière les rideaux, la scène (ou l'écran)
  • Vision subjective mais passionnée de ce qui se joue dans le plat pays qui est le nôtre. Critiques, coups de coeur (souvent) et de gueule (rarement) de Mary (grande "hanteuse" de salles de théâtre) et Peter (assidu des salles obscures) Commentaires welcom
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