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Derrière les rideaux, la scène (ou l'écran)
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6 mai 2007

On dirait le Sud

Bonsoir, c'est Mary!

Eh oui, enfin de retour… Heureusement que Peter a ramené de la vie sur ce blog dernièrement. Parce que...J'avoue, j'ai honte d'avoir complètement déserté ce blog depuis plus de 2 mois.
Non que je ne sois pas allée au théâtre pendant ces deux mois, d'ailleurs!
Mais bon… Ca prend quand même du temps à rédiger, mine de rien, ces petites critiques. Et j'ai pas toujours les mots pour parler de danse contemporaine, par exemple (exemple très récent... D'ailleurs, je ne savais pas que le bourgmestre de Bruxelles-ville aimait la danse contemporaine!). Et surtout, comme j'ai tendance à trouver plus intéressant de vous parler d'une pièce qui se joue encore… C'est pas évident de suivre, surtout que je ne vais pas forcément voir les pièces aux alentours de la Première.

Et puis, c'est vrai, à une exception près (voir plus bas), je n'ai rien vu de transcendant, dont j'ai absolument envie de vous parler en long, en large, en travers et en enthousiasme…

Pourtant ce soir je reprends le clavier et je vais déroger à ma règle.
Je vais vous toucher quelques mots de 3 pièces que j'ai vues "dernièrement" et qui valent la peine d'être vues (absolument ou à l'occasion).
Je ne pense pas qu'elles se jouent encore pour le moment en Belgique. Mais bon, une reprise… ça peut toujours arriver (c'est le cas pour l'une des 3 d'ailleurs!). Ou la pièce peut être remontée avec d'autres comédiens.
J'entrerai donc moins que d'habitude dans la mise en scène et les performances des acteurs.
Point commun à ces pièces : l'Italie…

* Ildebrando Biribo ou un souffle à l'âme
De et par Emmanuel Vacca. Découvert au Public en février.

ildebrando_Biribo

Aaahh… Cette 'pièce', ce spectacle, ce 'one-man-show', je ne sais pas comment l'appeler, mais quel régal! J'ai vraiment des regrets de ne pas avoir eu le temps de vous en parler car c'était un très, très beau moment à passer.
La trame de ce récit, si je puis dire, c'est l'histoire d'un souffleur, Ildebrando Biribo. Le souffleur de Cyrano. De la première représentation de Cyrano. Qu'on a retrouvé mort dans son trou à la fin de cette première représentation.
Comment? Pourquoi? A cause de qui?
C'est ce qu'il va nous raconter, après mille et un détours. Car Ildebrando, miraculeusement, est revenu parmi les vivants pour (se) raconter. Par la magie d'un auteur qui veut écrire une pièce sur sa vie, auteur qui se cache… s'il existe vraiment. Car de mensonges en détournements et en confidences, on finira par voir derrière les apparences, derrière le rideau de scène, ce qui s'est passé, on finira par savoir comment Ildebrando est revenu. Mais pour le temps d'un sablier, pas plus. Un grand sablier qui s'égrène tout au long du spectacle, dans un coin de la scène, seul élément de décor mis à part ce rideau rouge, fermé.

La pièce n'est pas une intrigue policière, ni vraiment un récit, mais plutôt un joyeux mélange d'anecdotes et de réflexions.
Emmanuel Vacca est hallucinant. Il campe divers personnages, prend des voix, des accents tous plus savoureux les uns que les autres, mime, se démène, s'amuse, joue avec le public, improvise.
Pour vous situer, c'est un peu comme Michel Boujenah, mais alors très, très en forme. Et sans le côté moralisateur, mais avec une certaine profondeur, l'air de rien!

Un spectacle à savourer si vous en avez l'occasion. Un petit moment de grâce, une parenthèse, une bulle d'oxygène. D'ailleurs Emmanuel Vacca le dit lui-même au début du spectacle, il s'adresse aux soucis du public et les chasse jusqu'à la porte, ils n'auront pas le droit d'entrer… tout en rassurant les spectateurs : on les retrouvera à la sortie :-)

* Genova 01
De Fausto Paravidino. Dans une mise en scène de Patrick Bebi. Vu au théâtre National fin janvier. Ce spectacle sera repris l'an prochain, en avril 2008, toujours au National.
Il s'agit d'un texte, un récit, une 'conférence'. Qui nous relate une version assez différente de l'officielle, de ce qui s'est passé pendant le sommet du G8 à Gênes, en 2001.
Petit rappel, car avec le 11 septembre 2001, on a un peu oublié cet épisode, je crois..
A Gênes, en 2001, s'est tenu un sommet des 'plus grandes puissances' du Monde, un sommet de plus. Les alter-modialistes étaient présents en nombre, pour manifester en marge du sommet. Un certain Silvio Berlusconi avait orchestré une barrière policière contre ces manifestants. Bilan de ces journées agitées? Un mort, un jeune homme nommé Carlo Giuliani, 500 blessés, de nombreuses arrestations. Une version officielle, bancale, floue, incohérente. Une enquête de Fausto Paravidino pour souligner tout cela, les manipulations, les zones d'ombres.

Le texte est lu par 6 comédiens. Qui surgissent du public au début de la pièce, l'un après l'autre, s'interpelant: 'tu y étais?' 'Et toi?'. Ensuite, ils s'installent chacun à leur table, derrière un micro. Et tournent les pages au fur et à mesure qu'ils lisent, racontent, interprètent, le récit précis, les questions ouvertes, les incohérences de l'histoire officielle. De temps en temps, des images, avec ou sans bande son, sont projetées sur un écran, un peu coloré, donc c'est parfois flou, mais on en voit bien assez.
Devant chaque conférencier, comme un pied de nez à la mondialisation, un grand gobelet en carton 'Coca-cola' contient de quoi se désaltérer et symbolise assez bien l'ironie très présente dans le spectacle, ironie face aux versions officielles si peu crédibles, plus c'est gros... Car c'est cruel, mais l'on rit pourtant lors de ce 'Genova 01'.

Pourtant, le texte est brut. Sans concession. La mise en scène nous plonge au coeur de l'action, au coeur de Gênes, au coeur des affrontements. Sans aucune mise à distance. Les événements sont trop récents pour faire partie de l'Histoire qu'on lit dans les livres. On est impuissant, attéré, révolté. Lorsque les images défilent en silence, la voiture qui recule sur un corps. Les coups de feu qui vous prennent à la gorge et font poindre les larmes. Silence de mort dans le public, émotion palpable... On ne sort pas indemne de ce spectacle. Il m'a fallu le trajet du retour en métro jusque chez moi pour que disparaissent la crispation et cette boule dans la gorge. Dur. Et poutant, à voir. Même si je dirais 'âmes sensibles s'abstenir', pour les autres, altermondialistes convaincus ou simples citoyens, cela vaut la peine de voir Genova 01, pour donner un petit coup de frais à la mémoire et rappeler que les consciences ne doivent pas s'endormir, et que si tout le monde y oeuvre, "un autre monde est possible".

* Mémoires d'un idiot de guerre
D'Ascanio Celestini. Traduction de Pietro Pizzuti, mise en scène de Michaël Delaunoy. Vu au Rideau de Bruxelles en mars.
Il s'agit d'un récit, d'histoires qui s'entremêlent, et qui nous sont racontées par deux acteurs (Pietro Pizzuti et Angelo Bison), qui se partagent les rôles, se répondent, s'écoutent. Mise en scène très simple, deux chaises, et de très jolis jeux de lumière qui donnent l'impression d'une veillée au coin du feu, à l'heure des confidences.

Un garçon raconte les histoires que son père lui a contées. Des histoires de guerre, ou plutôt, des histoires qui se passent en Italie au milieu de la 2nde guerre mondiale. L'histoire d'un petit garçon, et d'un oignon. D'une compagnie étrange qui tente de se constituer pour acheter un cochon (parce qu'il est trop cher pour l'acheter en entier tout seul, qu'on ne peut pas le tuer pour ne pas se faire prendre, et qu'on ne peut pas, parait-il, acheter un demi cochon vivant). Alors pour constituer cette équipe, un enfant et son père vont rencontrer de drôles de personnages, marqués par la guerre, estropiés, un groupe surréaliste, où chacun viendra tour à tour raconter son histoire.

Mélange d'atrocités, d'émotions, de merveilleux, de surréaliste, de conte, de fantastico-fantaisiste, de folie (car la guerre rend fou), on suit et on se perd au gré des histoires, vraies ou vraiment improbables, à la chronologie floue, les enchaînements hasardeux, où les personnages se ressemblent... à moins qu'il ne s'agisse des mêmes?
Si certains épisodes sont un peu inutiles (l'histoire des mouches qui vénèrent la Madonne est un peu limite), l'ensemble est assez plaisant à suivre, la chaleur du 'feu de camp' en fait un récit intime des petites et grandes misères du monde, des lâchetés et du courage dérisoire parfois. Une vision tendre et enfantine d'épisodes pas très gais de l'histoire. Et deux très bons acteurs!

Voilà, c'était un petit bilan de quelques pièces vues récemment. J'espère à l'avenir avoir un peu plus de temps et de réactivité surtout pour vous parler d'une fin de saison essentiellement musicale pour moi!

A bientôt et continuez à être curieux et à sortir au théâtre!

Belle nuit à vous

Mary

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  • Vision subjective mais passionnée de ce qui se joue dans le plat pays qui est le nôtre. Critiques, coups de coeur (souvent) et de gueule (rarement) de Mary (grande "hanteuse" de salles de théâtre) et Peter (assidu des salles obscures) Commentaires welcom
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