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Derrière les rideaux, la scène (ou l'écran)
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7 février 2006

Les affaires de Mister JC

Vous aimez les pièces actuelles, corrosives, vraies et qui posent un regard sans concession sur la société, histoire de poser question sans chercher à moraliser ou choquer ?

Si oui, ou même, si vous n'en êtes pas sûr mas que ça vous tente... Vous avez jusqu'au 25/02 pour aller passer 2 heures intéressantes au Théâtre de la place des Martyrs à Bruxelles!

Voir quoi... ah oui, je n'ai pas encore mentionné le titre...
Eh bien il s'agit des "Affaires de Monsieur Jules César", d'après un ouvrage de Bertold Brecht (oui, j'aime bien Brecht, j'avoue...), adaptation théâtrale de J-M Piemme. Mise en scène de
Roumen Tchakarov, avec Guy Pion, Michelangelo Marchese, François Skivie, David Pion, Béatrix Ferauge,... Pour des infos sur les dates et réservations : http://www.europictures.com/martyrs/
Infos aussi disponibles sur le site du théâtre de l'Eveil, la compagnie théâtrale de Guy Pion :
http://www.theatredeleveil.org/saison.htm#4 (où j'ai trouvé les images ci-dessous).

Personnellement j'ai beaucoup apprécié la pièce. Difficile à décrire, difficile d'en sortir une émotion dominante, c'est plutôt un excellent mélange très équilibré...
Rire, car il y a énormément d'humour dans la manière dont la pièce est traitée;
émotion, à la fois vibrante face aux revendications des personnages, et face à leur drames, à la guerre;
questionnements... car le lien avec l'actualité est si vite fait...
cynisme, regard lucide, critique et sans concession sur la politique (au sens large), mais sans critique destructive, sans cet arrière-goût amer, sans malaise... grâce à une distanciation salutaire pour traiter de ce genre de sujets en gardant un certain humour, je pense...

De César, il est question toute la pièce... Pourtant vous ne le verrez pas... L'histoire débute quelques années après la mort de Jules César. Un biographe se rend chez un banquier pour chercher la vérité sur César. Il achète le carnet de notes de Rarus, esclave et secrétaire particulier de César... on est alors plongés dans différents épisodes de l'histoire de Rome... La conjuration de Catilina, Cicéron, les guerres de Pompée, les élections permettant à César d'être élu préteur... consul... Bref des événements historiques... oui... seulement... tout est dans la manière de les présenter...

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César, criblé de dettes... soutenu par les banques... le vrai pouvoir, c'est l'argent, le commerce... Pompée, parti pour des guerres en Asie afin d'imposer la démocratie de Rome à ces peuplades barbares... les mères qui pleurent leurs fils, morts sur le champ de bataille... des émeutes dans les rues de Rome (à nettoyer au karsher, si si, ils le disent!)... les élections truquées, à quelques voix, et César président du Tribunal chargé de le juger lui-même... et le peuple de Rome, crevant de faim, et au chômage à cause de tous ces esclaves (j'allais écrire 'moins chers') qui débarquent d'Asie, le peuple, qui prie la déesse Nasdaq (vous la connaissiez pas celle-là hein!)... Tout cela semble bien plus proche de nous que la Rome Antique... Vous n'aviez jamais envisagé l'histoire de César comme ça...

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Bref, pas besoin de chercher très loins, les allusions à des actualités beaucoup plus proches de nous ne sont évidemment pas fortuites!
Ajoutez à ça une mise en scène surprenante: le décor, une façade de villa (un peu glauque par moment), avec toute une série de portes, volets, qui s'ouvrent et se ferment sur les personnages... des acteurs jouant plusieurs rôles grâce à une série de masques: les seuls personnages non masqués et clairement identifiés du début à la fin, qui nous racontent l'histoire, sont le biographe (un Guy Pion -photo ci-dessus à gauche- égal à lui-même c'est-à-dire magnifique, le ton juste, interrogateur, limpide... défenseur de César qu'il considère envers et contre tout comme un héros... sa réplique finale est magistrale... et quand on connaît un peu les convictions de Guy Pion, on ne peut que noter toute l'ironie de ce rôle!), et Rarus, l'esclave homosexuel de César (Michelangelo Marchese - photo ci-dessus, à droite- , touchant, qui réalise aussi une belle performance que j'ai personnellement énormément appréciée aussi). Tous les autres personnages portent des masques souvent grostesques... Les tribuns, les revendicateurs apparaissent sur des 'chars' tirés par des esclaves... Il y a même des passages chantés et dansés... du rap en 50 avant notre ère... qui l'eût cru?

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Bref, un cocktail savoureux et épicé, étonnant, diversifié, actuel, baroque... à goûter par vous même jusqu'au 25/2 à Bruxelles!

Mary

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Derrière les rideaux, la scène (ou l'écran)
  • Vision subjective mais passionnée de ce qui se joue dans le plat pays qui est le nôtre. Critiques, coups de coeur (souvent) et de gueule (rarement) de Mary (grande "hanteuse" de salles de théâtre) et Peter (assidu des salles obscures) Commentaires welcom
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