Sooooo "britishly" funny
Coucou, c'est Mary!
Petit détour par ce blog théâtre même si je n'ai pas le temps de le faire vivre autant que j'aimerais...
Pour vous parler d'un coup de coeur pour une pièce...
Et vous signaler d'abord, en bref, deux autres pièces assez chouettes aussi (voui en ce mois d'avril j'aurai passé quelques soirées au théâtre - et assimilé) :
"Garde
à vue", qui se joue au théâtre Le Public, encore quelques jours
(jusqu'au 26 avril). Même si je ne crierai pas au chef d'oeuvre, la
pièce est agréable, la mise en scène utilisant un décor sur plusieurs
niveaux est nette, malgré quelques petites longueurs au début (bon, les
avis sont partagés, mais je trouve que jusqu'aux 2/3 de la pièce, les
silences n'apportent pas grand chose à une tension pas encore assez
palpable)... Et surtout, prestation brillante de Patrick Descamps,
toujours aussi accrocheur, présence incroyable...
L'autre pièce que j'ai aimée dernièrement, c'est "L'importance
d'être constant", d'Oscar Wilde, que j'ai vue hier soir à Auderghem
dans sa distribution parisienne (probablement encore en tournée quelque
part?). Merci Anne du conseil, c'est vrai que sinon, je n'y serais pas
allée, et ça aurait été dommage! J'avais déjà vu cette pièce il y a des
années aux Galeries et en avait gardé un souvenir très moyen... Eh bien
ici, j'ai beaucoup aimé, le texte est brillant et plein de finesse, et
la mise en scène, bien que classique, ne manque pas de rythme. Et
surtout, les têtes d'affiche françaises sont à la hauteur!! Macha Méril
en espèce de mère acariâtre un peu Cruella, Lorant Deutsh très loin de
ses rôles habituels et avec une diction bien meilleure que je ne
pensais, et Frédéric Diefenthal, très très bien aussi, très juste, très
à l'aise (et plutôt agréable à regarder même si là mon regret c'est que
j'étais trop loin!!).
Bref, un excellent moment de théâtre... Du classique, mais du très bon!
Ca, c'était pour les brèves. Pour les détails, je voulais vous
parler d'une pièce que vous pourrez encore aller voir après avoir lu
ceci, car elle se joue jusqu'au 31 mai.
Il
s'agit de "Qui est le véritable inspecteur Dupif?", de Tom Stoppard,
qui se joue actuellement au théâtre de la Toison d'Or. Une pièce bien
plus drôle que policière, et pleine de surprises!
Quelques mots de l'histoire, sans trop en dévoiler...
Il s'agit
avant tout d'une mise en abîme... Car en fait, l'histoire, ce sont deux
critiques de théâtre qui vont assister à une pièce de théâtre. Eh oui,
deux critiques, l'un, Grosabeau, au sommet de la gloire, en tout cas lu
et reconnu, et qui se sert de sa plume et des louanges qu'il rédige
pour attirer dans son lit jeunes premières et autres comédiennes en mal
de reconnaissance. L'autre, Delalune, second couteau, qui est là en
remplacement, et rêve de devenir premier critique plutôt que doublure.
Deux critiques assis au premier rang du public, qui discutent,
échangent, s'enguirlandent... en attendant la pièce et pendant les
pauses.
La pièce?
Une intrigue policière british, dans un manoir
noyé dans la brume, où Lady Cynthia Muldoon, veuve depuis que son mari
a disparu un soir de brouillard, reçoit des invités.. Il y a là Magnus,
le frère du défunt mari, cloué dans une chaise roulante, Félicité,
jeune femme amie de Lady Muldoon, et Simon Mircabry, jeune homme surgi
dans le manoir on ne sait trop comment, amant d'un soir de Felicity et
amoureux de Cynthia.
La gouvernante, Madame Chaperon, rôde dans le
manoir pour compléter le tableau... Les nouvelles annoncent qu'un fou
échappé aurait été aperçu dans les parages du manoir... mais pas de
crainte, l'inspecteur Dupif arrive pour élucider tout ça...
Elucider quoi? Et pourquoi ce corps, sous le canapé depuis le début, que personne ne semble remarquer? Qui est-il d'ailleurs, ce cadavre inconnu? Et pourquoi ce téléphone qui sonne, où l'on demande quelqu'un qui n'est pas connu au manoir? Qui est le véritable inspecteur Dupif? Et qui l'inspecteur Dupif est-il véritablement? Est-ce qu'on est vraiment au théâtre?
Autant de questions dont je ne vous livrerai pas les réponses! Parce que ce ne serait pas drôle!
Car
la pièce est avant tout une caricature, qui se joue de tous les clichés
habituels du roman policier anglais. Tous les codes sont repris,
grossis, accentués, détournés... Agatha Christie assaisonnée d'arsenic,
ou tournée en dérision d'une manière joliment icônoclaste. Assortie
d'une vision pimentée sur les critiques de théâtre, parce qu'il ne
faudrait pas les oublier, ces deux-là...
La pièce est très réussie, et assez jubilatoire! La mise en scène
est excellente, aux petits oignons... ou plutôt, à la menthe pour
servir ce délice anglais! C'est pétillant, Olivier Massart nous offre une mise en scène déjantée et extravagante, tout à
fait à la hauteur.
Le décor est cliché à mort, avec ce vieux
manoir, ce piano, les tapis, la table de bridge, les mains qui
apparaissent et qui tirent et tuent, le tableau qui permet
d'espionner...
Les personnages aussi sont très (stéréo)typés, tout
est dans l'exagération, dans le surjeu. C'est énorme, ils en font des
tonnes, pourtant les critiques (les deux du premier rang, là, vous ne
les aviez pas oubliés, hein...) applaudissent...
Sincèrement,
c'est très bien fait, très drôle, très enlevé et très surprenant, car
vient le moment où ce joyeux faux suspense anglais se grippe et vire au
drame, enfin... le moment où l'on bascule dans une autre pièce, où les
morts s'accumulent...
Enfin, les comédiens s'en tirent tous brillamment! Dans la salle,
Toni D'Antonio (Grosabeau) et Philippe Rasse (Delalune) jouent avec une
certaine sobriété, et sont extraordinaires dans leurs rôles de
critiques (j'étais au premier rang, à un siège de Toni D'Antonio, j'ai
donc eu l'occasion de bien observer !).
Sur scène, tout le monde est
pris dans le jeu de la caricature. Frédéric Nyssen est Simon Mircabry,
un peu maladroit, inquiétant par moments... Freddy Sicx campe un Magnus
grommelant, peu amène, le cliché parfait du vieux général en retraite
de cette chère Agatha! Nathalie Uffner est la gouvernante, présence
discrète et mystérieuse, sourire un peu narquois aux lèvres, qui surgit toujours au bon moment... Une étonnante composition.
Quant
à Laurence Bibot (Cynthia) et Joséphine de Renesse (Félicité), elles
sont dans le sur-jeu total tout le temps, mais avec juste ce qu'il faut
pour qu'on sente bien que c'est voulu... Et quand elles crisent, se
sentent mal, 'hystérisent' les réactions... elles sont hilarantes!
Enfin, Bruno Georis surgira en inspecteur Dupif, enfin... Une sorte de Sherlock décalé... très décalé. Surréaliste!
Surréaliste, un peu comme l'ensemble de la pièce, un peu policière,
très drôle, très anglaise, très surprenante, très absurde, très
décalée... très à voir, surtout!!!
Plus d'info sur le site du théâtre de la Toison d'or (d'où viennent les photos)
Belle semaine à vous et n'hésitez pas à sortir au théâtre, c'est quand même plus gai que le cinéma!
Mary